Formation de 10 000 jeunes filles : « Nous demandons aux autorités de nous venir en aide financièrement et    de nous prendre au sérieux », dixit Fatoumata Ibrahima Camara

Formation de 10 000 jeunes filles : « Nous demandons aux autorités de nous venir en aide financièrement et    de nous prendre au sérieux », dixit Fatoumata Ibrahima Camara

Fatoumata Ibrahima Camara est une jeune étudiante qui préside l’ONG Femme Talent. Fondatrice et Directrice Générale du Site (femmetalent.com), elle évolue dans la promotion des femmes. Dans cette interview, elle explique les mesures prises par elle et son équipe pour mener à bien la formation en développement personnel qu’elles ont initié voilà quelques mois. Cette année, au compte de la deuxième édition, elle ambitionne former dix mille (10 000) jeunes filles à travers le pays. Un projet compliqué sans accompagnement mais pas impossible quand la volonté prime au-dessus de tout. Lisons ensemble cette battante…

L’année dernière, vous avez lancé la formation en développement personnel pour les jeunes filles. D’où vous est venue une telle idée ? 

Moi en personne, j’ai suivi cette formation en 2016. Ma vie était totalement bouleversée après cette formation en développement personnel. Je me suis dit : est-ce qu’il n’y a pas des filles qui vivent des situations perdues ? Qui ne savent pas à quoi dédier leurs vies pour pouvoir réussir ? Là, je me suis dit : pourquoi ne pas lancer une formation en développement personnel qui permettra aux jeunes filles de sortir de leurs coquilles et de vivre leur potentiel pleinement ? C’est de là que le projet a été lancé.

Que sont devenues les bénéficiaires de cette première édition ?

On s’était fixé pour objectif de former 3.000 jeunes filles dans 50 écoles. Avec assez de difficultés, nous avons formé 1570 jeunes filles. A la fin de cette formation, nous avons fait intégrer une cinquantaine de jeunes filles dans les ONG à savoir : Citoyen Actif, Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée et d’autres ONG. Nous avons essayé aussi de mettre un groupe en place qui permettra de gérer ces jeunes filles formées afin de les orienter dans leur vie active.

 Dans votre initiative vous vous êtes limité à mi-parcours, qu’est-ce qui n’a pas marché ? 

Le projet devait durer 3 mois mais compte tenu des manifestations dans le secteur éducatif, cela a affecté le déroulement de la formation. Du coup, l’objectif n’a pas pu être atteint dans les écoles. Il y’a certaines écoles qui se plaignaient du retard des programmes. Par contre, d’autres responsables d’écoles nous demandaient une enveloppe. Il y en a qui pensaient pour le projet on avait été soutenu et jusque-là où je vous parle, bien évidemment qu’on a réalisé le projet et ça été très dur mais on n’a pas eu de financement. Tous ces facteurs ont empêché l’atteinte de l’objectif.

Parlez-nous du déroulement de cette nouvelle édition, il y aura-t-il des nouveautés ?

Ça sera une édition pas comme la précédente. La première expérience a été un peu mal partie avec pleines de difficultés du niveau des responsables, du niveau des élèves mais cette fois ci il y aura du meilleur. Nous comptons former un total de dix mille (10 000) jeunes filles à travers les écoles du pays.

La nouveauté que nous apportons, d’abord nous élargissons la formation dans les autres préfectures à savoir Siguiri qui va abriter le lancement, Kankan, Labé, Dubréka, Coyah et Conakry. Cette année, on veut apporter plus de visibilité en donnant des brochures, des supports de formation à toute les participantes. On veut un peu améliorer la logistique aussi, parce que l’année dernière il n’y avait pas de projection. Vous savez si on a une expérience, ça nous permet d’aller en avant donc on a essayé de revoir beaucoup de choses.

A vous entendre, la région forestière n’est pas dans votre programme, est-ce une marginalisation ?

La forêt n’a pas été choisie parce que nous n’avons aucune idée de là-bas, nous n’avons pas été contacté par aucune personne, aucune élève, aucune autorité. En plus, on ne sait pas comment s’y prendre quand on arrive pour la première fois, on ne s’y connaît pas vraiment.

Donc on sait dit d’abord de voir avec les préfectures que nous nous y connaissons. A la troisième édition, nous pouvons bien évidemment partir en forêt pour d’abord des études de faisabilité.

Quelles sont les mesures prises pour éviter ces erreurs pour cette nouvelle phase ?

Vu que l’affaire d’argent est beaucoup plus sollicitée dans les écoles, nous avons décidé de trouver une solution et d’exclure également le mois de juin qui est connu comme étant le mois des examens nationaux. Si réellement on n’a pas d’accompagnement financier, on risque de faire payer les enfants, qu’elles paient un montant de 20 000gnf pour pouvoir assister à la formation. Si on a le financement on va faire gratuitement la formation, peut-être qu’on va fixer juste un montant de 5000gnf pour canaliser les inscriptions parce que s’il n’y rien les gens vont vouloir s’inscrire n’importe comment et ça va dégénérer d’autres problèmes qu’on ne pourra pas gérer. Mais on est entrain d’étudier les différentes options d’abord.

Pensez-vous avec une telle stratégie l’objectif sera atteint ? N’êtes-vous pas entrain de vous enfoncer dans une autre crise avec les encadreurs d’école qui compteront sur leur part de gâteau ?

Oui ! Ça sera atteint. Ça dépendra de la stratégie que nous allons adapter parce qu’il faut retenir, nous n’avons pas ici de fonds pour faire fonctionner notre organisme mais on a quand même des ambitions très élevés. Imaginez le formateur on doit lui déplacer jusqu’à l’intérieur du pays, il faut payer son transport et celui de l’équipe, il faut payer l’hébergement, il faut la nourriture et on verra 5 à 9 jours d’activités pour chaque préfecture. Donc ce montant servira à faire face à ces facteurs, au prix des banderoles, des t-shirts, des supports, des brochures que nous devons offrir à ces jeunes filles et des attestations. Elle ne sera pas payante en tant que telle si non le coût est plus par rapport à ce que nous demandions.

Où en êtes-vous avec des partenariats, avez-vous un appel à lancer ?

Par rapport aux partenaires, nous avons contacté pas mal d’entreprises, pas mal de ministères et une institution qui est internationale mais je vous avoue que rien. Nous demandons aux autorités de nous venir en aide financièrement et surtout, de nous prendre au sérieux.

Camara Mariama

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