France/Université de Toulon : Le parcours de Moussa Fanta Kourouma, le plus jeune Docteur guinéen

Ne dit-on pas souvent qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ? Moussa Fanta Kourouma connu par ses camarades de promotion sous le pseudo ‘’Savant’’ vient d’avérer ce proverbe. A seulement 29 ans, ce jeune lauréat a réussi son doctorat en droit privé le 6 novembre 2018. Ce parcours atypique a attiré la curiosité de votre mensuel éducatif et juvénile. Nous vous invitons à lire en intégralité l’entretien qu’il a accordé à notre rédaction.

Moussa Fanta Kourouma est né en mars 1989 à Mali Yimbering dans le Fouta. Ses études primaires, il les a faites dans sa ville d’origine Kérouané. D’abord à l’école primaire KOYA AMARA CAMARA, ex Gamal Abdel Nasser, ensuite le collège et une bonne partie du Lycée à ALMAMY SAMORY TOURE. C’est en passage en classe de terminales sciences sociales qu’il arrive à Conakry et intègre le lycée Groupe scolaire Elhadj Moriba Yansané actuel SEMYG 2 de l’aéroport, secteur Béhanzin. «… J’y obtiens, avec rang de premier de la république en sciences sociales, mon Baccalauréat unique session 2009. Je bénéficie, par la suite, d’une bourse d’étude de la part du gouvernement, afin de poursuivre mes études au Maroc… », nous explique le jeune savant.

Au royaume chérifien, il ne baisse pas de niveau comme le feraient d’autres. Amoureux du droit, il y obtient une licence fondamentale en droit privé à l’Université Moulay Ismaïl de Meknès en 2012. La coopération entre son université et celle de Toulon en France l’offre une occasion : poursuivre ses études au pays de De Gaulle. «… Je suis choisi parmi les lauréats  au sortir de la licence, pour poursuivre les études en Europe. C’est ainsi que j’arrive en France en 2012 où j’obtiens successivement un Master 1 (entreprise et patrimoine) en 2013, un master 2 professionnel (Droit de la banque et de la société financière) en 2014. En 2015, je suis reçu à l’école doctorale ED 509 (toujours Université de Toulon – Faculté de droit) où j’obtiens mon doctorat en novembre 2018…», déclare Moussa Fanta.

A 29 ans, il obtient son doctorat en droit à l’Université de Toulon. Une première quand on sait que la plupart de nos professeurs obtiennent leur doctorat après plus de trente ans de vie. L’obtention de ce diplôme, il en est fier: « c’est un sentiment de réussite, de fierté et de satisfaction réelle. Je voulais ce diplôme ; je l’ai obtenu grâce à Dieu ».

Issu d’une famille pauvre, tout n’a pas été rose pendant son cursus…

« J’ai eu beaucoup de difficultés ; je suis issu d’une famille très modeste pour ne pas dire très pauvre. Je me souviens par exemple que je devais aller au champ entre mes cours du matin et du soir pour abreuver les bœufs ; que je passais les grandes vacances à faire les travaux champêtres pour mes parents, etc. AU Maroc, en dépit d’une bourse versée par le Maroc et de quelques aides épisodiques d’un frère basé à Conakry (colonel SEYDOUBA COUMBASSA), c’était de l’enfer ; car la bourse guinéenne est trop irrégulière. Les étudiants guinéens au Maroc vivent dans l’enfer », se remémore-t-il.

A l’hexagone, il a dû travailler pour étudier

« En France, j’ai dû effectuer les travaux de recherche et de rédaction de ma thèse simultanément avec les horaires de mes boulots d’étudiant, ce qui n’est pas évident, puisque vous êtes constamment épuisé, faute de temps pour le repos. J’ai fait mes études en général, et ma thèse de doctorat en particulier, dans un rythme infernal. Il fallait travailler pour payer mes factures à la fin du mois, me nourrir, m’habiller et pour payer, chaque année, les droits d’inscription à la FAC », poursuit le lauréat.

Il désire rentrer au pays car celui-ci a plus besoin de lui que la France. Cela lui permettrait de partager le peu qu’il a appris avec ses frères et sœurs dans les universités, dit-il. « Pour le reste de ma carrière, je ne saurais prédire le futur », répond Kourouma à la question de connaître ses projets futurs.

« Je voudrais vous remercier de l’intérêt que vous avez porté à mon parcours. Je profite de votre tribune pour exprimer toute ma gratitude à mes parents qui ont consenti tant de sacrifices pour moi. Je voudrais remercier tous ceux qui m’ont soutenu », a conclu le jeune Docteur.

Camara Ousmane Tigaul, (Natif de Moriah)