Kankan : L’école coranique, un enseignement en perte de vitesse dans la Cité!

Autrefois considéré comme un moyen d’éducation et de vulgarisation de la religion musulmane, l’instruction des enfants dans les écoles coraniques est une tradition qui perd de plus en plus de valeur dans la cité religieuse de Kankan. Les nombreux établissements coraniques dans la commune urbaine qui jadis fonctionnaient ne se comptent plus qu’au bout des doigts. C’est le constat fait par notre correspondant basé à Nabaya.
Depuis un certain temps, on constate à Kankan que les écoles coraniques traditionnelles ne sont plus en vogue. Leur nombre a considérablement baissé au fil des années ; à tel point qu’aujourd’hui, on en voit presque plus.
Selon Karamo Ibrahima Kaba, maître coranique au quartier Timbo, la démission des parents mais aussi et surtout, l’ambition démesurée des jeunes sont à la base de ce constat. « Aujourd’hui, les parents ont complètement démissionné dans l’éducation de leurs enfants. C’est pourquoi nous remarquons beaucoup de dérive dans nos sociétés actuelles. En dépit de la démission des parents, il y a aussi cette ambition démesurée des jeunes de faire comme les autres. Pourtant, l’école coranique joue un rôle très important dans l’éducation des enfants », nous a t-il expliqué.
Dans la religion islamique, l’apprentissage du saint coran aux enfants est un devoir impérieux pour les parents. « Les impacts de cette situation sont incommensurables notamment au niveau de l’éducation des enfants » note le maitre coranique. « Avant, nous recevions un très grand nombre d’enfants, qui pouvait atteindre jusqu’à 400 pour l’apprentissage du coran. C’était une véritable école. Mais en ces temps qui courent, les gens sont trop ambitieux et ne s’intéressent plus aux volontés divines. Pourtant, on ne peut pas accéder au bonheur sans pour autant souffrir » martèle Karamo Ibrahima Kaba.
« La conséquence, c’est la banalisation de l’éducation de nos enfants. Et si l’éducation de ces enfants est ratée, cela va sans dire qu’ils deviendront des voleurs, des menteurs, des bandits et des délinquants qui défieront même l’autorité de l’Etat » explique t-il en parlant des conséquences. Pour avoir une bonne progéniture, maitre Karamo lance ce message aux fidèles musulmans, qui constituent les 95% de population de Kankan. « J’invite, tous les fidèles musulmans à faire face à l’éducation de leur progéniture. Mettre un enfant sur le chemin des écoles coraniques équivaut à alléger ses tâches de parent », conseille le maître.
En fin, il faut préciser que la ville de Kankan à la différence des autres régions de la Guinée, se remarquait de par son attachement et de sa conservation des valeurs authentiques traditionnelles, surtout son degré d’implication dans la vulgarisation de l’islam en Haute Guinée. L’abandon de ces enseignements coraniques est la conséquence directe du manque d’éducation chez les jeunes de la nouvelle génération.
El hadj Fodé SOUMAH