Astuces : Comment gérer les classes dites difficiles ?

Astuces : Comment gérer les classes dites difficiles ?

Quand des élèves incontrôlables et désinvoltes transforment la classe en un bazar, peut-on restaurer l’ordre de manière posée et constructive ? Toute entité fonctionne selon des principes ou règles, et les apprenants attendent qu’on leur enseigne, même si c’est en les imposant, de tels principes.

Ces dernières années, avec la pléthore d’élèves dans des salles de classe exiguës, les enseignants sont confrontés à d’énormes difficultés à faire cours dans certaines classes où ils ont du mal à imposer une certaine discipline, facteur essentiel d’apprentissage.

Ils se plaignent sans arrêt du manque d’éducation (la démission parentale) et d’intérêt (manque de volonté ) des  élèves, ainsi que des conditions pénibles de leur travail. Confrontés à toutes ces difficultés, certains finissent par être dégoûtés par leurs élèves et perdent le plaisir ou la motivation à enseigner. Après enquête auprès de quelques enseignants, deux classes sur cinq sont concernées.

C’est pourquoi, vu que cette proportion est élevée, nous avons estimé qu’il serait important de faire une prise de conscience pendant qu’il est temps. Il est important de réagir maintenant avant que le phénomène ne prenne une ampleur plus considérable.

Pour remédier à cette situation, nous proposons aux enseignants un certain nombre de valeurs qui les permettront de restaurer le climat de travail dans leur classe. Nous invitons tout de même les enseignants à adapter nos recommandations au niveau d’enseignement de leurs classes car chaque enseignant est pédagogue en soi.

Qu’est ce qu’une classe difficile ?

La classe difficile est la classe dans laquelle un enseignant est empêché de travailler correctement, de faire son cours et où la majorité des élèves ne peut plus se concentrer et travailler dans le calme, faute de perturbations. La plupart du temps, les problèmes sont mineurs (bavardages, agitations, refus de travailler, passivité, etc.), mais leur multiplication et accumulation finissent sérieusement par paralyser les activités de la classe. Il faut le reconnaître qu’une classe n’est jamais difficile en soi, mais elle le devient. Donc c’est à l’enseignant qu’il revient de créer son cadre de travail.

L’auteur, Bah Mamadou Aliou.
Enseignant en situation de classe…

Du point de vue personnel, un élève est dit difficile quand, sur le plan comportemental il demande tellement d’attention et d’énergie (au primaire très souvent ) que l’enseignant ne peut plus enseigner et s’occuper des autres. On distingue plusieurs types d’élèves difficiles ; le perturbateur, l’agité et l’opposant. D’autres combinent toutes ces caractéristiques.

En pareille circonstance que faire en tant qu’enseignant ?

1 – Établir un cadre de travail : l’enseignant doit s’appuyer sur l’autorité de statut.

Dans une classe, l’autorité du statut donne à l’enseignant le droit d’exiger le respect des règles ou principes de fonctionnement et de travail qui maintiennent la discipline et le déroulement normal des activités d’apprentissage. Dans ce climat, l’enseignant doit apprendre à être impartial et impliquer un respect réciproque en établissant un rapport qui dégage les possibles et les interdits. C’est pourquoi, il doit rappeler à chaque fois les règles de base qui régissent le fonctionnement de la classe :

La classe est un lieu de travail ;

L’élève obéit à son maître ou professeur ;

Apprendre est un droit de l’apprenant ;

L’enseignant a le devoir et le droit d’enseigner ;

Chacun doit se sentir en sécurité pour travailler.

2 – Connaître les trois âges du développement moral :

Pour pouvoir établir un cadre de travail, un préalable s’impose. Pour poser correctement son autorité, l’enseignant doit être à mesure de déceler à quelle phase du développement moral correspond ses apprenants. Ce sont :

  • 6 – 7 ans, âge du permis et du défendu, l’obéissance initiative et imposée.
  • 12 – 14 ans, âge de la morale hétéronome, l’obéissance naturelle à l’adulte.
  • 18 – 20 ans, âge de la morale autonome, l’obéissance intériorisée spontanée. Cette connaissance permettra à l’éducateur d’avoir une certaine approche psychologique de son apprenant.

3 – Établir une relation affective :

À bas âge, les enfants ont besoin d’affection et apprennent facilement quand un lien affectif les lient à leur maître. Donc, l’enseignant doit développer une relation affective entre lui et ses élèves à la limite des normes pédagogiques. À cette phase, ils reconnaissent et acceptent les demandes et exigences des adultes qui sont pour eux des figures d’autorité. Ils veulent leur ressembler. C’est l’âge de « Mon père a dit… », « Mon professeur nous a dit… ». Cette affectivité peut corriger beaucoup de difficultés liées au bon fonctionnement  d’une classe et ramener la sérénité, l’enthousiasme et l’envie chez les élèves qui l’avaient perdus.

4 – L’enseignant doit nécessairement s’imposer :

Tout enseignant doit s’imposer devant ses élèves, peu importe le niveau où il enseigne. Pour poser un cadre et créer un climat de travail satisfaisant dans une classe, il est légitime et nécessaire de s’imposer. Il est conseillé de le faire dès le premier jour appelé «  jour de prise de contact », en adressant un message fort et clair aux élèves, en même temps que vous leur donnez une explication des règles de fonctionnement de votre classe.

5 – Savoir sanctionner sans punir :

Sanctionner est un processus rationnel et il faut respecter certains principes pour que la mesure prise soit perçue comme une sanction et non comme une punition. La sanction est une peine à endurer, un prix à payer pour avoir commis une faute, transgressé une règle. Donc c’est l’attitude de l’enseignant, sa façon de signifier la sanction et son intention au moment où il agit qui feront que la mesure sera vécue soit comme une sanction méritée, soit comme une punition injuste ou humiliante qui engendrera de la rancœur chez l’élève. La sanction vise la correction du comportement, et la punition vise la personne avec intention de lui faire mal ou l’humilier. Donc l’enseignant doit être responsable dans ses agissements.

6 – Que l’enseignant s’inspire de l’arbitre :

Les élèves comprennent vite que les règles ne valent rien si elles ne sont pas respectées. Alors, l’enseignant à l’image de l’arbitre a la lourde tâche de faire respecter les règles en sanctionnant afin d’instaurer un cadre de travail pour tous. Dès lors, les enseignants doivent cesser de promettre des sanctions, mais réellement les donner. C’est pourquoi ils doivent se persuader que sanctionner n’est pas être méchant, donc pas un échec.

Ils doivent faire comme un arbitre et apprendre l’art de sanctionner. Il siffle des fautes et lève de temps en temps ses cartons sans air menaçant, de manière absolument déterminée et respectueuse, montrant parfois même qu’il était désolé pour le joueur mais sanctionne tout de même la faute, car il est le garant du respect des règles du jeu.

7 – L’enseignant doit être optimiste :

Pour venir à bout d’un tel problème, l’enseignant doit faire preuve d’optimisme. L’espoir est de mise dans pareille situation car sans lui, le maître abdique. Tous les problèmes d’une classe ont leurs solutions en classe donc, l’enseignant doit éviter le piège du pessimisme pour pouvoir exiger et appliquer les mesures qui s’imposent.

Bah Mamadou Aliou, enseignant en situation de classe.

Pour vos critiques ou suggestions, veuillez contacter l’auteur via +224 666224613 ou mahamadalyoubah@gmail.com

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