Tribune : Education guinéenne , le triste sort d’une jeunesse méprisée

Tribune : Education guinéenne , le triste sort d’une jeunesse méprisée

De l’irresponsabilité des autorités éducatives, gouvernementales à la sourde oreille du SLECG meneur de ladite grève, en passant par le silence des acteurs de la société civile qui ne montrent leur véritable griffe que sur le terrain politique. Au viol des droits des élèves du secteur public couronné par une mafia des chefs d’établissements qui font croire à l’opinion publique à travers des rapports irréalistes sur le déroulement des cours. Ce sont là, des maux que dénonce Kabinet KEITA, président de L’Association Scolaire et Estudiantine de Guinée (A-SEG), défenseur du droit à l’Education. Dans cette tribune, il appelle ces différents acteurs à se responsabiliser afin de sauver l’école guinéenne…

C’est devenu banal, cette ahurissante situation de crise éternelle dans le secteur de l’enseignement pré-universitaire en Guinée.

C’est devenu scandaleux, ce silence radio de l’opinion publique face au danger mortel qui ruine la jeunesse de Guinée, c’est-à-dire la détérioration du niveau de l’enseignement et de l’éducation par ricochet. Encore deux longs mois passés comme si de rien n’était. Nous restons à la traîne et jetés aux orties.

Il n’est plus à démontrer que nous vivons dans une société absurde où l’inversion des valeurs fondamentales est devenue légitime. Plus personne ne mesure l’implacable engrenage dans lequel la jeunesse de ce pays dans son écrasante majorité se trouve embourbé. L’horizon du futur radieux s’assombrit de jour en jour, nos maigres espoirs sont émaciés par leur stratégie nuisible à l’éducation et à la jeunesse. Ils ont sacrifié la jeunesse, tué son génie et éteint son espoir.

L’heure a sonné de rappeler au gouvernement, particulièrement au premier ministre chef du gouvernement que son échec cuisant dans la prévention et la gestion de la crise de l’éducation est devenue pathétique et inacceptable. Je dénonce avec force son incompétence et sa léthargie par rapport à cette question cruciale qui se rapporte à l’avenir de la Guinée. Il est temps d’invoquer l’irresponsabilité notoire du locataire du palais de la colombe qui doit savoir que 95% de guinéens n’ont ni l’espoir, ni les moyens de voir leurs enfants sortir des universités occidentales dont lui-même se sent fier d’être l’un des produits.

Pour l’heure, nos pères et nos mères ne comptent que sur nos écoles surpeuplées, poussiéreuses, en manque d’équipements et d’enseignants qualifiés. Il est temps pour le gouvernement de sortir de cette irresponsabilité et veiller à ce qu’aucun enfant de Guinée ne soit privé de son droit inaliénable à l’Education et ce, de Kassa à Yomou. Quand on ne peut pas, on rend le tablier. Quant au chef de l’Etat, qu’il comprenne que c’est pour lui que les guinéens ont exprimé leur suffrage. Qu’il me permette donc de le dire que la jeunesse scolaire le tient grief pour son inaction devant l’empoisonnement de l’éducation. Le seul service majeur et durable qu’il peut offrir aux jeunes de Guinée, c’est leur assurer un enseignement de qualité. L’éducation de la jeunesse devrait être sa priorité parmi ses priorités. Loin de tourner en ridicule ses quelques efforts fournis, je pense qu’il doit faire mieux pour l’éducation, c’est cela l’espoir des citoyens, voir leurs enfants bénéficier de meilleures conditions d’études. Monsieur le président, si vous aviez dédié l’essentiel de vos dix ans à ce secteur, la jeunesse ne serait pas moins heureuse de vous.

« l’augmentation de leur salaire n’est pas prioritaire par rapport au droit sacré à l’Education »

S’agissant du syndicat gréviste, comme si les trois mois de grève de l’année scolaire dernière ne suffisaient pas, le Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SLECG) a encore récidivé cette année depuis le 09 Janvier 2020. Elle est fière de déstabiliser le milieu scolaire public et de faire déserter des enseignants dont la seule obsession est d’empocher une manne de huit (8) millions de nos francs. Quelle ambition funeste ! Il est important de rappeler et de dire clairement que je suis favorable à l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants de Guinée, mais l’augmentation de leur salaire n’est pas prioritaire par rapport au droit sacré à l’Education, ce qui revient à dire qu’une grève lorsqu’elle est vide de sens et de motivation comme celle-là, mieux vaut y renoncer. Nous parlons de droit, mais à mon sens il n’y a pas de droit absolu, tout droit doit être encadré et limité. Je ne cesserai de pointer du bout du doigt le caractère abusif et discriminatoire de cette grève de trop. Les enseignants de Guinée à maints endroits ont déserté les écoles publiques pour envahir les écoles privées où ils n’ont pas le quart de huit (8) millions. Mieux, ils ne font jamais face à leur devoir impérieux d’enseigner avec qualité et maîtrise les élèves de Guinée, c’est pourquoi le niveau si bas de ceux-ci ne surprend pas plus d’un, d’autres estiment à tort ou à raison qu’ils sont à l’image de leurs enseignants. Le SLECG dont ils se réclament fièrement est devenu un danger pour l’enseignement pré-universitaire guinéen. Ce syndicat anarchiste voue à la jeunesse guinéenne une haine terrible qu’il manifeste par ses grèves prolongées sans souci d’observer le service minimum.

Je m’adresse en dernier lieu aux institutions républicaines et aux organisations de la société civile. Leur indifférence face à un enjeu aussi crucial pour la nation confirme leur inexistence matérielle. Nous nous rendons compte qu’elles n’ont la voix que pour prendre partie dans les débats à caractère politique où ils ont des intérêts inavoués. Ces prétendus défenseurs du peuple doivent se réhabiliter et prendre leur responsabilité en jouant pleinement leur rôle de veille, d’alerte et de pression.

« je n’aime pas rester sans aller à l’école, mes parents n’ont rien. Je suis obligée de rester à la maison… »

Enfin qu’il me soit permis de rendre hommage à tous les enfants de Guinée qui, parce qu’ils ont des  parents pauvres sont obligés de rester désespérément à la maison dans la grande nostalgie de l’école pendant que leurs camarades du voisinage dans de luxueuses écoles privées prennent avance sur eux. Il est inacceptable que notre société se montre aussi cruelle. J’ai encore en mémoire la larmoyante phrase qu’une jeune élève du secteur public me lançait désespérément il y a un mois : « je n’aime pas rester sans aller à l’école, mes parents n’ont rien. Je suis obligée de rester à la maison… ». Que ce bout de phrase fasse agir ceux qui entretiennent la crise de l’école. Cette phrase rappelle également à toutes les consciences la nécessité de bâtir une société juste. Il est inconcevable que certains enfants de la République soient privilégiés par rapport à d’autres. Encore pour ceux qui ont un cœur de chair, agissez !

L’école martyre de Guinée restera à l’avant-garde du progrès bien qu’ils aient décidé à dessein de la décimer

Au nom des millions d’élèves de Guinée laissés-pour-compte, je m’insurge contre la paralysie des cours dans nos écoles. Je dénonce avec vigueur les administrateurs déconcentrés et locaux du Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation qui dans des notes qu’ils appellent  » Rapports » clament que les cours sont effectifs partout en Guinée. Qu’ils sachent que des primes dont ils sont à la trousse ne sont pas le prétexte suffisant pour abuser de la crédulité de l’opinion publique. Parce-que nous avons les yeux pour voir, nous savons que les cours ne sont effectifs que dans les écoles privées. L’école guinéenne porte certes un coup dur, mais elle refuse de tomber. Elle a trébuché, mais restera debout. L’école martyre de Guinée restera à l’avant-garde du progrès bien qu’ils aient décidé à dessein de la décimer. Bien qu’ils aient choisi de mépriser la jeunesse, nous resterons débout pour la conquête de notre droit imprescriptible à l’Education, c’est tout ce qui nous préoccupe.

Je suis bien sensible comme beaucoup d’autres guinéens à l’insupportable agissement de ceux qui affaiblissent notre système éducatif pour préparer leurs progénitures dans les meilleures écoles occidentales et qui à la longue, seront élevés en dignité dans notre administration et dans nos institutions. Entre les deux écoles, nous avons choisi la nôtre, l’école de la République. L’Education de qualité, c’est ce que nous exigeons.

L’Association Scolaire et Estudiantine de Guinée () qui porte le flambeau de ce combat restera dévouée pour la défense du droit à l’Education, tant qu’un seul élève restera sur un bout du terroir national privé de ce droit, nous ne fermerons les yeux et jamais nous ne nous tairons.

Vive la Jeunesse guinéenne !

Vive l’école guinéenne !

Conakry, le 11 Mars 2020

Kabinet KEITA, président de L’Association Scolaire et Estudiantine de Guinée (A-SEG), défenseur du droit à l’Education.

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School224

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