Astuces : Comment réussir ma dissertation en philosophie (étape 1)

La dissertation n’est ni un exposé, ni un catalogue de connaissances, ni un vague avis personnel. C’est un exercice scolaire à l’ambition modeste de répondre à des règles précises : son but est de développer une réponse cohérente et argumenter à un problème contenu dans le sujet, que l’effort d’analyse aura mis au jour. C’est pourquoi votre réflexion doit se faire avec méthode, c’est-à-dire en suivant un chemin par des étapes nécessaires.

Le travail préparatoire au brouillon.
- Questionner la question
Face au sujet, il ne faut pas se lancer tête baissée dans la rédaction, mais être vigilant. Il faut en effet, réfléchir à la question. Celle-ci ne va pas de soi, car elle peut admettre soit différentes réponses possibles soit une réponse bien trop évidente pour être honnête. Ce n’est donc pas une question anodine, mais une question qui contient au moins un problème philosophique. On ne pourra y apporter une réponse qu’après avoir identifié et résolu ce problème.
Il faut donc « questionner la question » : qui se pose cette question et pourquoi ? Pourquoi semble-t-il banale ou étonnante ? Quel(s) problème(s) contient-elle ?
- Comprendre et analyser la question.
La construction d’une problématique s’inscrit dans un effort de compréhension et d’analyse de la question qui permet de passer au sens courant des mots à leur sens philosophiques.
Les deux opérations vont ensemble : l’analyse dépend de la compréhension et l’approfondir.
Ce travail est essentiel pour éviter le hors sujet.
Comprendre le sujet, c’est en saisir le sens global avec une certaine distance ou une « naïveté » feinte. Il faut alors s’intéresser au sens courant des mots employés et à l’expérience commune à laquelle renvoie la question. C’est ce sens évident que l’analyse va bousculer.
Analyser le sujet, c’est d’abord décomposer la question en ses éléments essentiels. Il faut identifier la (ou les) notions et les repères éventuels énoncés dans la question, pour les travailler. Il y a souvent plus d’une notion explicite en jeu, et des notions implicites. Il faut également identifier les termes secondaires et ne pas négliger ceux qui sont apparemment anodins. En fin, il faut être attentif à ce que la question ne dit pas, c’est-à-dire à ses présupposés.
Pratiquer ma méthode de dissertation.
I – Introduction
Les exigences fondamentales de la dissertation
– Nécessité d’une rédaction personnelle : Ne pas réciter le cours !
– Nécessité d’avoir recours à des exemples.
– Nécessité d’être clair et cohérent. Éviter les termes difficiles, les phrases trop longues.
– Problématiser.
Le plan thèse-antithèse-synthèse ne convient pas toujours. Par contre, une dissertation est toujours organisée autour d’un problème. Si le problème n’est pas explicitement formulé dans le sujet, c’est au candidat de le dégager. Savoir cerner le sujet et dégager le problème qu’il contient est ce qu’il y a de plus difficile dans une dissertation.
La méthode de la dissertation comporte quatre étapes :
– Analyser le sujet ;
– Rechercher les idées et les exemples et formuler la problématique ;
– Établir le plan détaillé et préparer l’introduction et la conclusion ;
– Rédiger.
1°) L’analyse du sujet
- Principes
Il s’agit d’éviter le hors-sujet, en respectant la règle suivante : « traiter le sujet, tout le sujet, rien que le sujet ».
Traiter tout le sujet, c’est éviter de se focaliser sur tel mot ou telle idée en oubliant une partie de l’énoncé.
Ne rien traiter d’autre que le sujet, c’est ne pas dévier vers un propos général, ne pas plaquer des développements tout faits empruntés au cours ou aux livres critiques, ne pas réciter ses connaissances sur l’œuvre.

- Une grille pour bien analyser un sujet de dissertation : les 4 D
– Définir : expliciter les termes-clés
– Délimiter : cerner le sujet, relever les éléments du libellé qui limitent le champ d’exploration
– Déduire : exploiter au maximum les termes du sujet
– Détecter : quel est le problème qui se cache derrière la citation ? quel est l’enjeu ?
- Comment procéder ?
Il faut d’abord réfléchir au sujet de manière abstraite, sans se demander : quelles œuvres, quels textes puis-je convoquer pour le traiter ?
L’analyse du sujet se fait en 4 temps :
Il faut d’abord interroger les références de la citation (son auteur, sa source, sa date) afin de la situer : qui est l’auteur de la citation ? est-ce un écrivain, un critique, un auteur qui fait de la critique ? de quelle époque date la citation ? à quel courant de pensée se rattache-t-elle ?
On procède à une véritable explication de texte portant sur la citation, en se concentrant sur deux aspects :
– Les indices d’énonciation et marques de jugement du locuteur (modalisateurs), qui permettent de repérer comment se situe l’auteur par rapport à la thèse qu’il avance : est-il prudent ou péremptoire ? Est-ce une simple hypothèse, une prise de position polémique ? Y a-t-il de l’ironie ?
– La tournure syntaxique de la phrase, les articulations logiques, les liens de subordination, les relations logiques d’opposition, de cause, de conséquence…
On souligne les mots-clés dans la citation, puis on les définit au brouillon. Même pour un travail à la maison, il n’est pas nécessaire de consulter dictionnaires et encyclopédies : les mots employés dans l’énoncé d’un sujet sont dans la plupart des cas immédiatement compréhensibles. L’important, à ce stade, est le travail de réflexion personnelle sur les termes fondamentaux du sujet. Il s’agit d’accumuler du matériel conceptuel et lexical qui sera ensuite réinvesti dans la rédaction du devoir.
On peut définir les mots-clés de plusieurs manières :
– par périphrase,
– par inclusion du terme dans une notion plus générale,
– par recherche des réalisations concrètes de la notion,
– par les synonymes et les antonymes,
– par l’étymologie.
Ensuite, lors de la rédaction du devoir, où devra-t-on définir les mots-clés du sujet ? S’il est possible de définir ce vocabulaire en quelques mots, on peut placer cette mise au point dans l’introduction. Si les définitions demandent un développement supérieur à quelques lignes, on les placera au début du développement, ou à l’endroit où le terme qui pose problème est employé. Dans certains cas, la définition d’un mot-clé peut constituer une partie du devoir.
Au terme de cette première étape d’analyse du sujet, il est bon de reformuler la citation afin de fixer l’effort de compréhension qu’on vient de produire. On peut soit le reformuler en une phrase, en utilisant des synonymes et de nouvelles tournures de phrase ; soit — pour une citation longue et complexe — mettre la citation sous forme d’un schéma qui en clarifie les relations logiques et les implications.
Suivez dans nos prochaines publications, les étapes 2,3 et 4…
Auteur : Mohamed Soumah (Soumah Philo), professeur de philosophie
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