Astuces : Comment réussir ma dissertation en philosophie (étape 2 & 3)

Astuces : Comment réussir ma dissertation en philosophie (étape 2 & 3)

La dissertation n’est ni un exposé, ni un catalogue de connaissances, ni un vague avis personnel. C’est un exercice scolaire à l’ambition modeste de répondre à des règles précises : son but est de développer une réponse cohérente et argumenter à un problème contenu dans le sujet, que l’effort d’analyse aura mis au jour. C’est pourquoi votre réflexion doit se faire avec méthode, c’est-à-dire en suivant un chemin par des étapes nécessaires. Après l’ Astuces : Comment réussir ma dissertation en philosophie (étape 1) qui consiste sur l’analyse du sujet, voici dans ce deuxième numéro l’étape 2 et 3 qui reposent successivement sur la’rechercher les idées et les exemples et formuler la problématique et établir le plan détaillé et préparer l’introduction et la conclusion’’. Bonne compréhension…

Etape : . L’établissement de la problématique

  1. La collecte des matériaux

C’est un travail de réflexion et de mémoire qui doit se faire vite, par associations d’idées : ne pas rédiger, employer un style télégraphique.

On note au brouillon, en écrivant une idée par ligne et en n’utilisant que le verso des pages, les idées, exemples, citations qui viennent à l’esprit en réfléchissant au sujet.

Pour enrichir la réflexion, quand on pense à une idée ou à un exemple qui vont dans un sens argumentatif, on peut essayer d’imaginer un autre argument ou une autre référence qui tendraient à prouver le contraire.

On peut soit noter toutes ses idées dans le désordre, en les juxtaposant simplement à mesure qu’elles se présentent ; soit commencer dès cette collecte à suivre une démarche organisée (une esquisse de plan, dialectique ou thématique) en notant les idées à l’intérieur de quelques domaines prédéfinis (on emploie alors une page par domaine).

 

  1. La problématique

Au fur et à mesure qu’on accumule des idées et des références sur le sujet et qu’on avance dans sa réflexion, on voit se dégager une problématique.

Qu’est-ce qu’une problématique ?

Sens 1 : au moment de la recherche des idées (invention)

C’est la question centrale que le sujet amène à se poser. Le sujet équivaut toujours, explicitement ou implicitement, à une hypothèse. Or, une hypothèse est par définition conditionnelle. La question que l’on doit poser porte sur la validité de l’hypothèse contenue dans le sujet. Problématiser, c’est mettre en question l’hypothèse contenue dans le sujet.

Sens 2 : au moment de l’établissement du plan (disposition) et de la rédaction (Elocutio)

La problématique est la thèse que l’on défend dans l’ensemble de son devoir, c’est-à-dire la réponse que l’on apporte à la question posée par le sujet. Un devoir problématisé est une dissertation organisée selon une orientation argumentative claire et unique : tout le devoir doit contribuer à affirmer une thèse, formulée sous forme conditionnelle dans l’introduction, puis reformulée sous forme assertive dans la conclusion.

Donc, la problématique, telle qu’on la formule au brouillon au terme de la 2e étape, se présente soit sous la forme d’une question (sens 1) soit sous la forme d’une affirmation énonçant la position que l’on va défendre, à propos du sujet, dans l’ensemble du devoir.

Etape : 3°) L’établissement du plan détaillé

  1. Principes à respecter

Il faut avoir une conception dynamique et non statique du plan : ce n’est pas une juxtaposition de paragraphes, mais un mouvement qui oriente l’ensemble de l’argumentation, de l’hypothèse initiale à la conclusion.

Le plan doit ménager une progression du raisonnement, qui part d’un point de départ (la problématique initiale) pour aller vers un point d’arrivée (le bilan final) en suivant une démarche logique et organisée.

Lorsqu’on classe les arguments à l’intérieur du plan, il faut suivre un principe d’approfondissement progressif de la réflexion : on place d’abord les arguments qui tombent sous le sens, qui se présentent tout de suite à l’esprit, et on garde ses arguments les plus forts, les plus convaincants ou originaux, pour la fin. On va de ce qui est évident vers ce qui est caché ; de ce qui est simple à ce qui est complexe.

Les parties du plan doivent être équilibrées et comporter un nombre à peu près égal de paragraphes. (La longueur d’un paragraphe est à peu près celle de l’introduction ou celle de la conclusion, soit une dizaine à une quinzaine de lignes.)

Auteur Mohamed Soumah, Soumah philo
  1. Démarche à suivre

Au terme de la deuxième étape, on a formulé une problématique qui constituera l’axe directeur du devoir, et l’on a rassemblé un stock d’idées et d’exemples (éventuellement déjà plus ou moins regroupés en domaines).

Il faut ensuite définir trois parties (ou deux parties et une conclusion développée). Chaque partie est centrée sur une idée principale, que l’on formule en une phrase.

On répartit l’ensemble des arguments et des exemples entre les deux ou trois parties ainsi délimitées. (On peut utiliser pour cela, au brouillon, un code de couleurs : par exemple, on souligne en vert tous les arguments et exemples qui iront dans la première partie ; en rouge ceux qui iront dans la deuxième partie, etc.)

Certains exemples ne trouveront peut-être pas de place au sein de ce plan : on les laisse alors de côté, car il faut préférer la netteté de la ligne argumentative au foisonnement des références.

Les idées principales devront être étayées chacune par deux ou trois idées secondaires. Et chacune de ces idées secondaires doit être illustrée et justifiée par au moins un exemple.

Dans le cas d’une dissertation littéraire, les exemples sont des références précises à des œuvres : un exemple peut être le résumé d’un épisode (mais il ne faut pas le raconter en détail), l’évocation d’un personnage ou encore l’analyse d’un procédé stylistique. Si on utilise des citations, on ne les choisit pas trop longues et très représentatives.

Établir le plan détaillé, c’est donc :

– définir une progression qui permette de répondre à la problématique ;

– formuler l’idée principale de chaque partie ;

– choisir et classer les idées secondaires et les exemples à l’intérieur de chaque partie.

On établit clairement le plan détaillé au brouillon en utilisant un code afin de hiérarchiser parties et sous parties : I. A. 1°) a]

 

  1. Les plans-types

* Principes

Afin de trouver plus facilement 80comment organiser les idées au sein d’un plan, on peut s’aider de schémas argumentatifs prédéfinis qu’on appelle des plans-types.

Aucun plan type n’est pas applicable systématiquement : il doit être adapté au sujet posé. Certains types de sujet appellent tel ou tel type de plan.

Le plan-type n’est qu’un canevas sur lequel on brode et qui est destiné à disparaître sous la tapisserie : c’est-à-dire qu’un plan de dissertation ne s’affiche pas explicitement comme plan-type (On n’annonce pas : « je vais suivre un plan thématique ou un plan comparatif »). Les plans-types interviennent au moment de la disposition, mais non à celui de l’Élocution.

* Les principaux plans-types 

– Le plan dialectique

C’est sans doute le plan-type le plus couramment utilisé en dissertation. Ses trois parties sont la mise en scène d’un dialogue. Face à une opinion autorisée, même si on ne la partage pas, on doit envisager ce qui peut la justifier dans un certain contexte historique et littéraire. On doit ensuite en montrer les limites dans un autre contexte. On aboutit ainsi à une contradiction (thèse/antithèse). La synthèse n’est pas la recherche d’une vérité moyenne, mais la mise au jour d’un point de vue nouveau, qui permet de dépasser la contradiction (en apportant, par exemple, une explication de cette contradiction).

Les défauts à éviter pour le plan thèse-antithèse-synthèse sont de juxtaposer de manière simpliste deux thèses opposées, de terminer par une synthèse inconsistante ou par une troisième partie conciliatrice et plate.

Quelques autres plans sont souvent possibles : – Le plan en éventail (ou plan thématique) consiste à appliquer une même idée à différents domaines de plus en plus larges.

– Le plan par approfondissement suit une direction argumentative unique, en présentant les arguments dans un ordre gradué, du plus anecdotique au plus convaincant, du plus simple au plus complexe.

– Le plan comparatif, confronte deux notions sur différents points de rapprochement.

– Le plan explication / illustration / commentaire

À propos d’une citation longue et complexe, on peut suivre la démarche suivante : dans la première partie, on explique la formule ; dans la deuxième partie, on recherche les différents domaines d’application de cette formule ; dans la troisième partie, on propose une appréciation personnelle. Il faut veiller à bien répartir les exemples sur l’ensemble des trois parties, notamment dans la première, qui ne doit pas être une définition abstraite des termes du sujet.

Auteur : , professeur de philosophie

 

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