Guinée – Bac session 2020 : Corrigé type de l’épreuve de Philosophie, profil sciences sociales (TSS)

Guinée – Bac session 2020 : Corrigé type de l’épreuve de Philosophie, profil sciences sociales (TSS)

SUJET : L’art naquit et se développa sous les auspices des rois et des empereurs. 

De ce qui inspire l’histoire des empires médiévaux, démontrez l’existence de l’art africain.

ANALYSE DU SUJET

I- DÉFINITION DES EXPRESSIONS ET THERMES ESSENTIELS

-L’art : est une activité consciente et créatrice des œuvres utiles, serviables et esthétiques.

-Naquit : action de naître (donner naissance), de voir le jour.

– Se développa : processus de formation et d’accélération progressive de quelque chose.

-Sous les auspices des rois et empereurs : aux regards attentifs et descriptifs des chefs médiévaux.

-De ce qui inspire l’histoire des empires médiévaux : l’histoire qui retrace exactement le passé du peuple Africain au Moyen-Âge.

II- LES POINTS DU PROGRAMME

Chapitre I : Esthétique
a- Étude introductive de l’art Africain
b- Les caractéristiques de l’art Africain
c- Les fonctions de l’art Africain.

III- REFORMULATION

L’art Africain de par sa singularité, n’a-t-il pas écrit et prophétisé l’histoire du continent Africain ?

IV- PROBLÈME OU PROBLÉMATIQUE

Les caractéristiques et les fonctions de l’art Africain ne sont-elles pas les chefs-d‘œuvres de son existence spatio-temporelle ?

V- AXES DE RÉFLEXIONS ET RÉFÉRENCES POSSIBLES

AXE 1 : L’art Africain dans sa délicatesse et sa magnificence a pu développer à travers la société un certain nombre de caractéristiques existentielles qui ont consolidé la valeur de son temps et espace.

✓Selon Léopold Sedaar Senghor :« l’art Africain n’est pas un art pour art, qui n’a sa valeur esthétique et son caractère symbolique »

AXE 2 : de toutes parts, l’art Africain n’a pas été seulement de simples réjouissances et de divertissements, il a pu établir et fortifier une certaines fonctions qui lui donnent les valeurs symboliques, significatives et esthétiques.

Réponse : Bien que l’art Africain n’a pas connu les écoles philosophico-artistiques, il a au moins fondé et développé une singularité artistique qui a fini par admettre sa valeur historique à travers ses compétences spatio-temporelles.

————-CORRIGÉ TYPE————-

L’art Africain, loin de connaître l’existence des deux écoles philosophico-artistiques de l’Occident (Réalisme et Surréalisme), cependant a pu établir et fonder une histoire artistique de quelques manières qu’elles soient en développant en son sein un certain nombre de caractéristiques existentielles de sa société et l’interprétation des faits sociaux économiques politiques et culturels avec ses fonctions symboliques. D’où nous admettons que l’art Africain de par sa singularité a pu prophétiser l’avenir historique du continent. Dès cet instant, nous allons chercher à savoir : si les caractéristiques et les fonctions de l’art Africain ne sont-elles pas l’œuvre de son existence spatio-temporelle ?
Dans un raisonnement clarifié, nous apporterons des analyses justifiables pour démontrer la valeur historique de l’art Africain.

D’une manière générale, l’art est en effet, une activité culturelle qui, dans le domaine religieux ou profane produit des choses (objets) reconnus belles (beaux) par un groupe ou une société.
Selon Maître André LALANDE :« l’art est toutes productions du beau par les œuvres d’un être conscient»
Quant à Emmanuel Kant avec ses pensées dualiste :« l’art, ce n’est pas la représentation d’une belle chose mais la belle représentation d’une chose»

Mais en ce qui est de l’art Africain, il est reconnu comme l’ensemble des moyens d’éducation par excellence, de connaissance, d’action de communication et de commémoration. Autrement dit, c’est un sentiment philosophique, social, moral, religieux, médical et esthétique à la fois.
Malgré l’absence des doctrines artistiques en Afrique, elle a réussi non seulement à créer son caractère sociétaire qui est l’œuvre de sa composition effective :
✓L’art Africain est collectif : car par manque d’auteur individuel spécifique, c’est toute la société qui chante, danse, sculpte et peint à la fois. Il est anonyme.
Exemple : la veillée africaine, le masque Nimba, masque Baga…
✓L’art Africain est engagé : c’est ainsi signaler le cas des généalogistes griots qui s’occupent des éloges des pères fondateurs des familles, des clans, des tribus, des ethnies, des castes et sociétés états. Ici l’artiste ou l’Africain exprime et expose son for intérieur, son âme et son tempérament selon la circonstance du milieu à travers son œuvre d’art.
Exemple : les danseurs de DOUNDOUMBA (KANIA), la danse des hommes forts (KANKAN), les danseurs de SOLI (BASSE CÔTE), Djely Mamadou Kouyaté, Balla Fassaké…
✓L’art Africain est vital : c’est le cas des artistes animateurs qui accompagnent la jeunesse dans les activités sociales productives et spirituelles.
Exemple : Salif Keita, les Djely ambulants dans les cérémonies communautaires…
✓L’art Africain est utile : l’objet d’art en Afrique sert à quelque chose en dehors du sentiment esthétique, il assure l’éducation populaire et fait participer la société à la vie quotidienne.
Exemple : le rôle des contes, des proverbes, des légendes, des mythes et des veillées nocturnes…
✓L’art Africain est rythmique : il est l’expression souveraine de l’âme Africaine, il accompagne le danseur qui danse au rythme du tambour, tam-tam, du balafon, de la castagnette…
Exemple : l’Africain danse avec tout son corps, ses pieds suivent la castagnette et sa tête suit le rythme du son…

C’est pourquoi, Senghor estime qu‘«en Afrique tout est symbolique, il y a du signifié et du signifiant, il y a aussi le symbolisé et le symbolisant à toutes créations artistiques»

Léopold Sedaar Senghor continuait de soutenir que:« l’art Africain n’est pas un art pour art, qui n’a sa valeur esthétique et son caractère symbolique»

C’est autant dire que l’art africain a aussi développé une certaines fonctions qui l’impliquent et lui donnent toutes valeurs civilisationnelles, telles que :
✓La fonction ludico-pédagogique : ‘’Quand la lune brille, l’Afrique danse’’ dit-on souvent. C’est le moment des jeux et de distraction populaire, par la musique, la danse, des luttes traditionnelles, les contes.
*La fonction ludique est liée à la balle poussée.
*La fonction pédagogique quant à elle, apparaît au cours des cérémonies d’initiation où les gens reçoivent l’enseignement et l’éducation.
✓La fonction sociale et politique : l’œuvre d’art en Afrique est un puissant moyen d’intégration de l’individu au collectif. Elle permet la socialisation, la sensibilisation, l’éducation dans la société.

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Par l’art, les anciens maîtres féticheurs s’imposaient dans la société et exerçaient une certaine autorité politique.
✓La fonction thérapeutique : c’est la partie médicale pour traiter les maladies en Afrique. À l’aide de la salive, le plus souvent accompagnée par des formules incantatoires, des gestes, des chansons et des danses. L’Africain  traite des maux de ventre, de têtes, des fractures et des dépressions mentales.
✓La fonction magico-religieuse : il y a des affinités incontestables entre l’art et la religion d’une part, l’art et la magie d’autre-part.
Les masques, les statues ont un caractère sacré le plus souvent chargées de messages.
Les artistes africains ne voient pas Dieu l’entrevoient.
*La fonction magico-religieuse apparaît dans les cérémonies initiatiques où les initiés créent un mystère.
Exemple : les féticheurs de la Haute Guinée qui se servent souvent du  »KOMA » pour influencer la société.
Le masque ‘’Gnamou’’ qui influence aussi en Guinée Forestière.
✓La fonction esthétique : l’art Africain joint l’utile à l’agréable et s’impose aujourd’hui comme supérieur aux autres. En dehors du rôle capital de l’art Africain, les artistes vont également à la recherche du beau dans les œuvres.
Exemple : la peinture traditionnelle des cases dans les villages, les SÖBI (ténues uniques) lors des cérémonies communautaires.
✓La fonction symbolique : l’œuvre d’art en Afrique, exprime une idée un sentiment. Et le symbole comprend un contenu de la représentation. Il est l’analogie entre le signifié et le signifiant, entre le symbolisé et le symbolisant.
Exemple : au Mandingue, l’homme est représenté par un pantalon, la coiffure et la femme par un mouchoir, un pagne.
✓La fonction commémorative et communicative : l’art Africain fixe et rappelle les grands événements sociaux. Il retrace la généalogie des grandes familles et l’histoire des faits commémorés.
Exemple : la fête initiatique et commémorative à Baro (KOUROUSSA).

Pour terminer, Bien que l’art Africain n’a pas connu les écoles philosophico-artistiques, il a au moins fondé et développé une singularité artistique qui a fini par admettre sa valeur historique à travers ses compétences spatio-temporelles.
Alors, pouvons-nous continuer à admettre la philosophie occidentale qui nie de l’Afrique toutes pensées philosophico-artistiques ?

Auteur Mohamed Soumah (Soumah Philo), Enseignant Chercheur, Écrivain poète, Journaliste à School224

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