Héroïne des droits civiques : Voici l’histoire de Rosa Parks, celle qui a refusé de céder sa place à un blanc

L’école ne vous apprend pas trop sur elle. Mais si de nos jours les noirs américains et les américains blancs conjuguent le même verbe, s’acceptent entre eux malgré les différences de couleurs ou de races. C’est grâce aux sacrifices d’une femme activiste antiségrégationniste américaine. Celle que l’on appelle la « mère des droits civiques » a marqué le monde de son empreinte le 1er décembre 1955 lorsque, dans un bus, elle a refusé de renoncer à sa place à un blanc. Par cet acte de résistance pacifique, Rosa Parks a tenu tête au système ségrégationniste alors en place. Son engagement a fait l’objet de maintes récompenses. Soixante-cinq ans après qu’elle ait refusé de se lever, votre rubrique ‘’Connaître et comprendre l’histoire’’ vous retrace la biographie d’une vie de militante.

Née le 4 février 1913, à Tuskegee en Alabama aux États-Unis, Rosa Louise McCauley Parks, dite Rosa Parks est la fille d’un charpentier et d’une institutrice. Après le divorce de ses parents, elle vit dans une ferme avec son frère, ses grands-parents et sa mère qui s’attache à ce que sa fille reçoive une bonne éducation malgré les entraves à la scolarité des Noirs. Elle commence des études secondaires qu’elle doit interrompre pour s’occuper de sa grand-mère puis de sa mère tombées malades.
Rosa qui travaille comme couturière, mais aussi comme aide-soignante épouse Raymond Parks, un barbier militant de la cause des droits civiques, membre de l’Association de l’Alabama pour la promotion des gens de couleur (National Association for the Advancement of Colored People, NAACP). Encouragée par son mari et malgré ses charges familiales, elle termine ses études secondaires en 1934, niveau que seuls 7% des Noirs atteignent à cette époque.
En 1943, Rosa Parks rejoint le Mouvement pour les droits civiques (American Civil Rights Movement) pour lequel elle exerce une activité de secrétaire jusqu’en 1957. Elle travaille également comme femme de ménage chez un couple libéral, Clifford et Virginia Durr, dont le mari est un avocat qui a joué un rôle important dans la défense de militants et de personnes accusées de trahison notamment à l’époque du maccarthysme. Ayant sympathisé avec Rosa Parks, le couple l’encourage à suivre une formation sur les droits des travailleurs et l’égalité raciale dans le Tennessee.
Elle refuse de céder sa place, une première en Amérique
Le 1er décembre 1955, dans la ville de Montgomery (Alabama), Rosa Parks qui était assise sur un siège réservé aux blancs, refuse d’obéir à James F. Blake, un conducteur de bus qui lui demande de laisser sa place à un homme blanc et d’aller s’asseoir vers le fond du véhicule, dans la zone réservée aux Noir-e-s. Elle est arrêtée, jugée et inculpée de désordre public ainsi que de violation des lois locales, avec une amende de 15 dollars. Elle assume totalement son geste qui n’était cependant pas prémédité.
« Les gens racontent que j’ai refusé de céder mon siège parce que j’étais fatiguée, mais ce n’est pas vrai. Je n’étais pas fatiguée physiquement, ou pas plus que d’habitude à la fin d’une journée de travail. Je n’étais pas vieille, alors que certains donnent de moi l’image d’une vieille. J’avais 42 ans. Non, la seule fatigue que j’avais était celle de céder », a raconté Rosa Parks dans son autobiographie My Story, écrite avec James Haskins et parue en 1992.
Rosa Parks fait appel du jugement. L’avocat du NAACP Edgar Nixon, voyant l’intérêt symbolique du combat à mener sollicite l’avocat blanc Clifford Durr qui accepte de contester la constitutionnalité de la loi ségrégationniste dès le jour de son procès, le 5 décembre 1955.

De son côté, le jeune pasteur Martin Luther King Jr., alors âgé de 26 ans lance avec l’aide des dirigeants de la communauté afro-américaine une campagne de protestation non violente et un boycott contre la compagnie de bus de Montgomery, boycott qui durera 381 jours.
Ce mouvement a été suivi par des milliers de personnes qui refusèrent de prendre le bus, se rendant au travail à pied, en taxi ou en voiture. Finalement, le 13 novembre 1956, la Cour suprême des États-Unis casse les lois ségrégationnistes dans les bus en les déclarant anti-constitutionnelles. Mais les violences et menaces racistes restent fréquentes en Alabama. Il faudra attendre 1964 pour que les lois Jim Crow soient abrogées dans les lieux publics par le Civil Rights Act, qui interdit toute forme de ségrégation.
Rosa Parks, symbole d’une lutte ségrégationniste
Rosa Parks qui a contribué à la prise de conscience des Américains devient une figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale et la lutte pour les droits civiques aux États-Unis. Pourtant, la militante n’a pas attendu 1955 pour s’engager, et son combat ne s’est pas arrêté là. À partir de 1943, elle est devenue la secrétaire et la responsable des jeunes au sein de l’association nationale pour la promotion des gens de couleur (NAACP). Elle a participé aux marches de Selma en 1965, à la Million Man March en 1995 et s’est engagée contre l’apartheid en Afrique du Sud.
En 1957, ne trouvant plus de travail à Montgomery, et craignant pour sa sécurité, le couple Parks quitte la ville pour la Virginie puis pour Détroit où Rosa travaille comme couturière. Elle rejoint ensuite l’équipe du représentant démocrate du Michigan, l’Afro-Américain John Conyers à la Chambre des représentants des Etats-Unis où elle restera jusqu’à sa retraite en 1988. Après la mort de son époux Raymond en 1977, Rosa Parks crée le Rosa and Raymond Parks Institut For Self-Developpement en 1987, afin d’encourager les jeunes à servir la communauté.
Rosa Parks connaît des difficultés financières à la fin de sa vie et meurt le 24 octobre 2005 suite à une démence dégénérative. Le président George W. Bush et l’ensemble de la classe politique lui rendent hommage après son décès. Le drapeau américain est mis en berne à cette occasion et son corps est exposé au Capitole pendant deux jours. Elle fut la première femme et la deuxième personnalité noire à recevoir cet honneur réservé jusque-là aux grands hommes.
Distinctions :
Liste détaillée : Alabama Women’s Hall of Fame (en ?), International Freedom Conductor Award (d) (198..), Médaille Spingarn (1979), Women’s Caucus for Art Lifetime Achievement Award en 1981, Panthéon des femmes du Michigan en 1983, Prix Candace en 1984 et Golden Plate Award en 1995.
En 1996, quarante ans après qu’elle ait refusé de se lever, le président Bill Clinton lui a remis la Médaille présidentielle de la liberté. Médaille d’or du congrès en 1999, NAACP Image Award for Outstanding supporting Actress in Drama séries en 2000, elle a également reçu la médaille d’or du Congrès et figure au National Women’s Hall of Fame (1993). En 2013, Barack Obama inaugure sa statue dans la galerie du Capitole qui célèbre les personnages majeurs de l’histoire de chacun des 51 États.
Camara Ousmane, Natif de Moriah pour la synthèse.
Sources : toupie.org, deuxièmepage.fr et Wikipédia