Carême : Le « Jeûne », est-ce obligatoire ? Père Eugène Chérif, vicaire de la paroisse Notre-dame…de Labé répond

Après 40 jours de jeûnes, les fidèles chrétiens s’apprêtent dans quelques jours à célébrer la fête de Pâques. Lors d’un récent séjour dans la région foutanienne, notre reporter s’intéressée à cette actualité religieuse. Elle est allée à la rencontre du Père Eugène Chérif, vicaire de la paroisse Notre-dame du mont Carmel de Labé. Nous vous invitons à suivre l’extrait de l’entretien qu’il a accordé à votre quotidien électronique…
Après votre présentation, dîtes nous l’origine du mot Carême ?
Interviewé : Père Eugène Chérif, vicaire de la paroisse Notre-dame du mont Carmel de Labé.
Le mot Carême vient d’une expression latine quadresima qui veut dire la quarantaine, donc c’est par rapport au chiffre 40. C’est de là, le mot tire son origine, la quarantaine donc le mot provient de là.
On jeûne 40 jours seulement parce que c’est le temps que Jésus a passé au désert entrain d’être tenté ?
40 jours oui ! Allusion à la tentation de Jésus au désert. Mais aussi 40 jours, allusion aux 40 années passées par le peuple d’Israël dans sa marche à travers le désert mais, également 40 jours de marches du prophète Elie pour arriver à la montagne du Seigneur à l’Herbe. Donc le chiffre est tellement symbolique pour l’Eglise le chiffre 40.
Le carême a souvent lieu entre février et Avril. Comment se fait ce choix ? Sa célébration le 4 avril, est-elle une coïncidence à la Pâques Juive ?
Le temps de Carême est défini par la célébration de Pâques. C’est Pâques qui donne l’orientation par rapport au début de Carême. Alors l’Église qui célèbre la fête de la résurrection, la Pâques, s’inscrit dans la dynamique du peuple juif. On sait que dans l’histoire, Jésus est mort pendant la fête de Pâques juive et donc l’Eglise reste dans cette dynamique, c’est en fonction de cette date, de la période de la fête de la Pâques juive que l’Eglise détermine aussi le temps de Carême. C’est pour cela, c’est toujours entre Avril et Mars donc c’est en fonction de la célébration de Pâques.
Oui. C’est une coïncidence à la Pâques juive.
Le Carême catholique commence de quelle heure à quelle heure ?
En fait il n’y a pas en réalité par rapport au temps de pénitence, au temps de jeûne, il n’y a pas à dire je vais faire le jeûne de telle heure à telle heure parce que l’essentiel ce n’est pas simplement de se priver mais l’essentiel c’est de voir comment je rentre en relation avec Dieu. C’est ça l’essentiel donc la chronologie ne compte pas tellement. Cependant on regarde une fois que le jour commence le matin et jusqu’au coucher du soleil. Moi par exemple je peux faire le jeûne j’ai la messe à 18h, après la messe je ne vais pas dire je vais attendre jusqu’à ce que le soleil se couche complètement maintenant pour dire je vais rompre le jeûne. Normalement si on se prive c’est de pouvoir se nourrir de la parole de Dieu, c’est ça l’essentiel, c’est pourquoi je dis que ce n’est pas le temps, le moment, l’heure qu’on met, mais c’est ce que nous remplissons dans ce temps-là. Il n’y a pas à dire on peut commencer du matin jusqu’au soir il n’y a pas de problème. Il n’y a pas à dire non il faut qu’automatiquement que ce soit 19h ou à 18h45. Ça dépend de ta relation avec Dieu donc tu commences le matin tu termines le soir.
Contrairement aux frères musulmans, beaucoup disent que le Carême n’est pas obligatoire. Est-ce vrai ?
Ça c’est une prétention, une façon de parler et un laxisme religieux, spirituel qui est entrain de s’installer. C’est vrai dans la pratique de la foi chrétienne. C’est vrai que depuis une certaine période, l’église a essayé d’alléger dans l’histoire de sa marche cette pratique de la pénitence pendant la quarantaine là. Cependant on retient deux jours où c’est une obligation pour tout le monde. Ces deux jours, c’est le mercredi des cendres qui est une obligation pour tout chrétien de faire abstinence et le vendredi saint c’est une obligation. Donc ça s’impose à tout le monde. Cependant les autres jours ça ne veut pas dire que non tu peux jeûner ou ne pas jeûner. Parce que les gens disent que Jésus quand on l’a posé la question, il a dit : « bon est ce que les invités aux noces peuvent jeûner quand l’époux est avec eux mais l’époux c’est le christ. Quand est-ce on n’est plus avec l’époux ? C’est quand nous ne sommes plus entrain de vivre dans la communion avec l’époux donc quand nous sommes pécheurs, automatiquement il faut qu’on rentre dans cette démarche de reconnaissance de nos péchés et demander le pardon pour nous réconcilier avec Dieu donc c’est tout le sens du jeûne chrétien. Donc on jeûne parce qu’on veut entrer dans cette dynamique de relation avec Dieu, on veut rétablir l’alliance rompue par le péché avec lui. Donc on ne peut pas dire non ce n’est pas important. C’est une obligation.
Pour quoi le mercredi des cendres, on donne ces trois piliers : le jeûne, la prière et l’aumône ? Le non consommation de la viande le vendredi, est-ce seulement pendant le carême ?
Ce sont des piliers qui vont de pair, il ne faut pas dire non moi je fais simplement ça. Non ! Le jeune fait partie du Carême chrétien.
Ça c’est en lien par rapport à la mort du christ. Le christ est mort le vendredi et donc on se prive de la viande en communion avec ce corps qui entre ce jour-là dans ce tombeau et donc qui va rejaillir le dimanche de la résurrection donc c’est en lien à cela qu’on demande ne pas manger la viande ce jour.
Oui!! C’est pendant le temps de Carême.
De retour de Labé ; Elisabeth Zézé Guilavogui