Honorable Boubacar Diallo : « Je pense qu’à partir de la 6ème année, on peut instaurer l’éducation sexuelle pour que…»

A l’occasion de la clôture de ses activités consacrées au mois de la femme, la télé web SAT Tv, a organisé une conférence mercredi 31 mars 2021. Axée sur le thème : » Faut-il intégrer l’éducation sexuelle dans le système éducatif guinéen ? », ce débat s’est déroulé dans les locaux de l’atelier solidaire. Devant un parterre d’invités, les panelistes ont à tour de rôle éclairé la lanterne du public.
D’entrée Saran Traoré, est revenu sur les raisons de cette rencontre. « On pense que les jeunes ne sont pas sexuellement éduqués ce qui fait qu’il y a assez de violences faites aux femmes. Et pas seulement aux femmes parce que nous voyons aussi que les hommes sont violés par les hommes. On pense que les gens ne maîtrisent pas leur sexualité, c’est pourquoi ils parviennent à violer que ça soit des femmes ou des hommes. Du coup, on s’est dit et si on faisait une activité pour non seulement sensibiliser, mais vulgariser avec les participants qui seront là, ils seront notre porte-parole dans la communauté pour aussi sensibiliser les autres. Alors on s’est dit pourquoi ne pas faire une sensibilisation sur l’éducation sexuelle d’où cette conférence », explique la directrice de SAT Tv.
Selon le premier paneliste, l’instauration de l’éducation sexuelle dans le système éducatif permet à l’adolescent de connaître son corps.
« En instaurant l’éducation sexuelle dans le cursus, cela nous permettra de connaître d’abord son corps et le fonctionnement de son corps. Si tu ne sais pas ce qui est normal, comment tu peux savoir ce qui est anormal ? », affirme docteur André Toupou médecin membre du réseau des jeunes ambassadeurs de la santé et de la reproduction.

Parlant de sa méconnaissance, l’homme en blouse blanc a laissé entendre que « Vous n’êtes pas sans savoir combien de jeunes filles avortent aujourd’hui ? Combien de jeunes filles perdent leur vie en avortant ? Combien de jeunes filles meurent aujourd’hui par le biais des infections sexuellement transmissibles en l’occurrence le VIH/Sida y compris les Hépatites. Tout ça par méconnaissance de la chose. La plupart des filles contractent les premières infections à partir de cet âge-là, parce qu’elle va aller couper du tissu et mettre ça sur elle. Mais si elle était préparé par sa maman, « dire les jeunes filles arrivées à un certain âge, elles vont avoir ses menstrues, voilà comment elles se matérialisent. Quand elle commencera à avoir ses menstrues, elle ne sera pas ignorante en ce moment. Vous voyez combien de fois l’éducation sexuelle a de l’importance pour nous », a-t-il poursuivi.
Compte tenu du contexte sur le poids de la religion et de la culture, Madame Cissé Tounkara, enseignante chercheur, doctorante, directrice de la chaire genre de l’Université de Sonfonia estime que l’intégration de l’éducation sexuelle dans les sociétés africaines est un réel problème.
« Je pense qu’on peut bien instaurer l’éducation sexuelle dans le programme scolaire guinéen mais à condition de tenir compte de certaines préalables, parce qu’on ne peut pas l’introduire sans tenir compte de certains de nos valeurs, de nos cultures, de nos héritages traditionnels. Comme je l’ai dit il y a beaucoup de pays qui ont introduit cela mais ce n’est pas aussi sans conséquence. Donc il faut que les gens soient informés, qu’ils comprennent le sens de l’éducation sexuelle parce que le plus souvent dès que tu dis éducation sexuelle, on pense déjà à la relation intime, on pense c’est une façon d’apprendre les enfants les relations sexuelles, la perversité », a indiqué la deuxième paneliste.
Prenant la parole, le troisième paneliste, Honorable Boubacar Siddighy Diallo, député et deuxième vice-président à la commission des lois à l’assemblée nationale a demandé l’implication des parents. « Je suis pour qu’on intègre, l’étude de l’éducation sexuelle dans les établissements scolaires pour préparer les jeunes filles et les jeunes garçons à cette vie-là parce qu’elle est inévitable. Mais comment ? Il faut qu’il ait un débat avec les familles, qu’on invite les parents d’élèves à ce débat là pour qu’ils puissent être le relais de l’école, c’est-à-dire lorsqu’on leur donne la notion à l’école, les familles puissent aussi canaliser cette notion sinon ils seront portés à vouloir non seulement étudier mais aussi venir pratiquer et cette pratique elle est dangereuse », a-t-il exhorté.

A la question de savoir à quel niveau d’étude il faut l’intégrer, il répond : « Je pense qu’à partir de la 6ème année, on peut instaurer l’éducation sexuelle pour que l’enfant qui prépare le collège, ait déjà sensé avoir au moins la compétence requise » a proposé l’élu du peuple.
D’après lui, ce débat ne devrait plus être sujet à tabou. « Il faut briser cette glace parce que si tu n’en parles pas, tu en subis. Alors mieux vaut en parler qu’en subir. Ton enfant, tu le prives ce débat, il va aller l’apprendre ailleurs ».
Tounkara Hawa Jude, élève stagiaire