Éducation : « Si les 10 jours francs coulent, nous allons passer à la grève », dixit Sâa Alphonse Moundékeno, porte parole du SNE

Éducation : « Si les 10 jours francs coulent, nous allons passer à la grève », dixit Sâa Alphonse Moundékeno, porte parole du SNE

Depuis mardi, le syndicat national de l’éducation (SNE) en accord avec d’autres centrales syndicales font cas de dépôt de préavis de grève. Pour ces enseignants, le protocole d’accord en date du 28 janvier 2020 signé entre eux et le gouvernement n’a pas été respecté. Dans un entretien téléphonique qu’il nous a accordé, Sâa Alphonse Moundékeno, porte parole du SNE est revenu sur les clauses de ce protocole d’accord ainsi que leurs revendications.

Vous déposez depuis peu des préavis de grève. Quelle en est la substance ?

Après avoir épuisé toutes les voies de recours au niveau de l’administration, on a pas trouvé une solution convenable. C’est ainsi que mardi nous avons rédigé en intersyndicale, c’est-à-dire FSPE, SLECG, SME un préavis de grève. Jeudi, nous avons commencé à déposer ce préavis dans certaines structures. Tout le monde recevra ce préavis et il va compter pour 10 jours francs. Ensuite, nous allons lancer l’avis de grève.
Quelles sont vos revendications ?
Comme toujours, nous cherchons à ce que le gouvernement respecte notre protocole d’accord en date du 28 janvier 2020. Ce protocole d’accord parle pratiquement de l’enseignement et surtout avec beaucoup de principes tel que : le relèvement du SMIG qui doit partir de 440 mille à 1 millions 500 francs. Et puis encore le relèvement de la valeur monétaire du point d’indice et la pension de retraite à 400%. Nous avons demandé dans ce protocole également le paiement des arriérés des primes d’incitation et le rétablissement des enseignants encadreurs omis.

A Conakry, il y a des enseignants qui n’ont pas bénéficié d’un mois de prime. A l’intérieur, c’est deux mois et il y a d’autres enseignants qui sont complètement omis, qui n’ont jamais bénéficié des primes. Nous demandons leur rétablissement et nous demandons également l’engagement des enseignants contractuels et communautaires qui ont aidé le pays pendant qu’il y avait une situation très difficile. Certains ont donné des cours durant 3 ans, 5 ans, 8 ans sans rien et nous demandons qu’on les engage même si on organise un concours d’ordre général dans les salles de classes.

Ensuite, nous avons demandé l’avancement automatique en grade et échelon. Il y a plus de 3 et 4 ans sans avance de grade et du coup, le salaire ne bouge pas. Nous avons encore demandé la revalorisation immédiate de toutes les primes et indemnités telles que les primes de préparation, des primes de craies, de logement, d’allocations familiales, d’indemnités de zone, aussi les primes de documentation, les primes de risque et même les primes des encadreurs pédagogique et les primes de fonction.

Si on vous dit aujourd’hui qu’un proviseur prend 40 milles francs comme prime par mois, ça veut dire que ce proviseur ne pourra pas bien gérer son administration. Il est obligé de faire une session auprès des élèves.

Nous avons même demandé dans ce mémorandum le reclassement et la prise en charge des enseignants qui ont eu la licence et le master 2 et les admis aux différents examens professionnels. C’est-à-dire à chaque fois qu’un enseignant avance en diplôme, il faut automatiquement adapter cela en fonction de son salaire.

En même temps, nous avons demandé dans notre protocole la mise à disposition du budget de fonctionnement des responsables scolaires. Ils n’ont jamais de budget. Donc, tous ces trucs là ont été demandé et ça c’est depuis le 26 janvier 2020 et jusqu’à présent, rien n’a été fait. C’est pourquoi nous insistons et on a frappé à toutes les portes afin que les enseignants puissent bénéficier de ces statuts mais comme rien n’a été fait depuis, nous profitons à travers ce gouvernement de transition afin qu’il puisse prendre tout ça en considération.

Nous sommes actuellement dans un régime de transition. Pensez-vous vous faire entendre vu qu’avec un régime démocratique, ce même protocole n’a pas eu de suite escompté ?

Oui ! D’ailleurs, c’est le moment le mieux opportun puisque ce régime de transition est un régime qui doit faire la refondation de l’État. Je sais qu’ils sont mieux placé d’ailleurs. Si c’est un régime civil, ça ne va pas aboutir à tous les points. Mais dans tous les pays, le régime qui redresse l’économie, toutes les structures, tout ce qui a été gâté, qui reconstruit la nation et qui redonne à qui de droit tout ce dont il devrait bénéficier, c’est un régime exceptionnel et avec une petite volonté déjà, il peut nous satisfaire valablement. C’est pourquoi nous comptons sur eux. Nous ne sommes pas là pour destabiliser ce régime mais le moment est opportun pour nous de poser nos problèmes et d’aboutir à nos besoins escomptés.

Comment êtes vous parvenu à cette synergie d’action avec le SLECG ?

Il y a une subdivision de 3 SLECG, celui d’Aboubacar Soumah, de Dame Kadiatou et d’Oumar Tounkara. On est avec tous ces SLECG excepté Aboubacar Soumah lui-même en personne, pas SLECG. On est d’accord, c’est pourquoi on est en intersyndicale FSPE, SLECG, SME. Hier même, j’étais en réunion avec le ministère où le SLECG était représenté mais nous ne sommes pas avec Aboubacar Soumah pour plusieurs raisons. Il est à la retraite. Un général à la retraite doit appartenir à une structure syndicale des retraités mais pas à une structure syndicale des gens qui sont en fonction.

Mais Aboubacar Soumah est toujours secrétaire général du SLECG !

C’est un général qui est à la retraite, il lui faut respecter la loi L0027 où tous ceux qui sont à la retraite ne doivent plus diriger une structure syndicale. Donc du coup, ils sont disqualifiés. Aboubacar Soumah et tous ceux qui sont à la retraite ne sont plus habilités diriger une structure syndicale.

Au-delà de l’avis de grève, à quoi s’attendre si vos requêtes ne sont pas prises en compte ?

Si les 10 jours francs coulent et qu’il n’y a pas de répondant, automatiquement nous allons en découdre, nous allons passer à la grève. C’est ce que nous comptons faire. Je sais que le président de la transition est très sensible au problème de l’éducation et je sais qu’il le fera face parce que nous ne voulons pas en découdre avec le gouvernement. Nous voulons vraiment qu’il y ait une entente favorable afin que nos points de revendications soient prises en compte.

Propos recueillis par Elisabeth Zézé Guilavogui

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